Résumé : Les distributeurs du cuisiniste italien Arrex pratiquent des techniques de vente forcée à la limite de la légalité durant le salon Batibouw 2012. Une habitude du secteur ? Une baisse de qualité du salon Batibouw ? Une stratégie du fabricant ? Expérience.
Avant-propos
Avant que vous ne lisiez la suite de cet article sur les techniques scandaleuses pratiquées par Arrex sur le salon Batibouw, je tiens à bien remettre en contexte ce que j’ai vécu. Qui est à blâmer lorsqu’une marque se permet de vous agresser sur un salon ?
– Batibouw ? Certainement pas. FISA, l’organisateur, est un habitué des grands évènements et veille à ce que la qualité du salon s’améliore d’année en année.
– Arrex ? Le fabricant n’est pas toujours responsable de la stratégie de vente des distributeurs. Ici, je ne remets pas en doute la qualité de leurs produits. Malheureusement, c’est souvent la marque qui trinque lorsque les commerciaux qui la représentent, manquent de professionnalisme en tentant une vente forcée.
– Le distributeur ? Oui. Il est non seulement responsable de ses résultats en termes de vente mais aussi de l’image de la marque dans sa région d’influence. Aujourd’hui, nous savons que le WOM sur les réseaux sociaux émiettent les frontières des zones d’influence.
L’expérience vécue
Lundi 5 mars, je me suis rendu à Batibouw avec comme objectif de me renseigner sur les prix des cuisines, des salles de douches et des baignoires (pour la rénovation d’un appartement). Tout se passait alors pour le mieux jusqu’à ce que nous nous arrêtions, ma mère et moi, sur le stand du cuisiniste Arrex. Sans le savoir, nous nous sommes engagés dans un processus de vente forcée et de surcroit, totalement malhonnête, qui a duré 4 heures.
1. le copinage vendeur/prospect : Dans la plupart des processus de vente, le commercial cherche à établir une certaine complicité avec le client. Le problème survient lorsqu’il veut en faire de trop. Ainsi nous avons eu droit aux petits noms (« Je peux t’appeler Will ?« ), aux petites blagues forcées, aux récits de vie privée dont je me serais bien passé (« Les policiers belges n’arrêtent pas de m’arrêter parce que j’ai une plaque d’immatriculation française… c’est sûrement pour notre réputation de fumeur de oinj » ou « Avec Arrex, on est logé dans un super hôtel bien cher sur Bruxelles, c’est trop excellent« ), aux « j’ai le même à la maison » et aux belles promesses (« Quoiqu’il arrive, vous pourrez avoir les plans, les dessins, les prix, …« ).
2. le choix du produit : Alors que dans d’autres stands les commerciaux n’ont pas hésité à nous expliquer la différence entre leurs modèles, catalogue à l’appui, chez Arrex, ils préfèrent en imposer un. Premièrement, le designer prend les mesures de notre cuisine sur base d’un plan (je m’apercevrai plus tard qu’il s’est trompé d’un mètre). Pour le choix des couleurs et matériaux, il nous assure que de toute façon nous pourrons le changer par après étant donné que « les prix sont presque pareils« . Bref, nous n’avons aucune idée de ce que donnera le produit fini mais la vente continue…
3. la mise en condition : Pour tout achat conséquent, le client se pose des questions existentielles : est-ce que j’ai réellement besoin de ce produit ? est-ce que je ne peux pas trouver mieux/moins cher ? est-ce que je prends la bonne décision ? … Le commercial doit donc mettre en confiance le client et abaisser les différentes barrières à l’achat : « Vous avez vu comment le stand est rempli ? On a vendu plein de cuisines aujourd’hui !« , « On est pas encore implanté à Bruxelles mais c’est pour bientôt, je serai le directeur de ce mégastore et je m’occuperai de vous personnellement » (le vendeur a 24 ans, on a fait semblant d’y croire), …
4. la négociation : Ici, nous avons assisté à une véritable pièce de théâtre très mal jouée. Au fur et à mesure de l’élaboration de notre cuisine, le vendeur nous avertit qu’il a peur d’avoir dépassé notre budget. Lorsque son manager vient à notre table, il veut d’abord voir ce que nous avons pris comme électroménager (acte 1) : nous avons donc attendu 15 minutes durant lesquelles un inconnu met son nez dans nos affaires puis repart, la curiosité rassasiée. Ensuite, il revient et enguirlande notre vendeur (acte 2) : « mais enfin, tu savais qu’ils ne voulaient pas dépasser cette somme ! Fais attention dans tes dessins la prochaine fois ! Que vais-je faire pour satisfaire ces clients moi maintenant ?! » « Oh oui, je me suis laissé emporté, je suis vraiment désolé, je ferai attention la prochaine fois« … C’était tellement mal joué que nous en sommes restés bouche bée. Même les vendeurs de canapés sont plus crédibles !
5. la promotion surprise : En résumé, le vendeur veut maintenant nous voir passer à la caisse pour une cuisine dont nous n’avions même pas choisi les couleurs. De 23.000 euros, nous sommes passés à 17.750 euros, en quelques minutes. Ayant l’audace de leur rappeler que nous voulions seulement nous faire une idée des prix, deux autres personnes sont venues en renfort. « Pourquoi ne voulez-vous pas signer ? » « Oui mais qu’est-ce qui vous empêche de signer ? » … Le prix est alors descendu à 15.000 euros. Lorsque nous leur avons demandé un délai de réflexion, le manager s’est rué sur les documents (plan, prix, …) et a traité ma mère de « folle ». Je vous laisse deviner la suite.
Social media mood
Lorsque je suis revenu chez moi, j’ai tapé « Cuisine Arrex » dans Google. Le 3e résultat fait le récit d’expériences malheureuses sur des salons & foires. – « Nous avons été accroché directement par un cuisiniste. Ayant pris des mesures et voulant avoir une idée de prix, et l’idée de la cuisine en elle-même, on s’est laissé partir dans la « procédure ».
Jusqu’au moment où ils nous font une offre et nous faisant signer un papier nous disant qu’il y a peu de risques de notre côté, que le contrat deviendrait caduque dans certains cas etc. » (Falnestu) http://droit-finances.commentcamarche.net/forum/…, consulté le 11 mars.
– « Dans l’hypothèse où vous êtes déjà engagés je vous suggère d’être très vigilants à la réception des travaux car nous avons eu des fuites d’eau :ARREx a ce jour refuse d’assumer malgré un engagement.Dès que vous avez payé vous êtes black listé et ils ne vous répondent plus, attendez-vous à un contentieux. Leur seul intérêt est de vendre. » (LO1) http://droit-finances.commentcamarche.net/forum/…, consulté le 11 mars.
J’ai creusé plus loin et j’ai réalisé que les consommateurs ayant eu des contacts avec Arrex peuvent être subdivisés en deux :
– CONTENTS : Ils ont reçu un bon accueil en magasin et sont convaincus de la qualité des produits. Ils y trouvent en outre un bon rapport qualité/prix.
– PAS CONTENTS : Ils ont été confrontés à des vendeurs sans scrupules (le plus souvent sur des salons et foires) qui leurs avaient dessiné une cuisine irréalisable ou qui leurs avaient fait une vente forcée. La plupart sont maintenant en procédure juridique.
Je fais donc partie de la seconde catégorie qui n’achètera JAMAIS une cuisine Arrex, ou alors dans une région où le distributeur ne cherche pas à escroquer ses clients.
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